Cette intervention du 2 septembre 2025, à l’Université catholique de Lyon, corrobore une série de théories en cours d’élaboration sur la pratique du journalisme en tant que régénération continue, non seulement sur la base de l’expérience personnelle et de l’observation directe au sein de l’infosphère qui a connu la migration historique de l’approche analogique vers l’approche numérique sans malheureusement constituer une réelle amélioration.
FAIRE OU ÊTRE JOURNALISTE (« pronto sabré quien soy » – J.L. Borges)
« Eudaimonia ». Pour le philosophe grec Aristote, le but de la vie est le bonheur, terme grec qui se dit eudaimonia, signifiant la réussite de notre daemon (daimon), synonyme de bien-être. Les véritables maîtres savent allumer un feu dans l’âme de leurs élèves, tout comme les metteurs en scène guident les acteurs dans l’incarnation de leur personnage. Ce feu (ignis) aide les élèves à comprendre leur daemon, c’est-à-dire ce qu’ils peuvent faire dans la vie pour réussir, pour se comprendre eux-mêmes et atteindre le bonheur possible. Toute personne qui réussit dans la vie, quel que soit son niveau, parvient à se connaître elle-même. Le mot « succès » doit être compris au sens large : même l’ermite qui atteint l’ascétisme réussit, l’ascète qui perce le plafond.
L’Homme de Vitruvio, célèbre dessin de Léonard de Vinci, est le symbole universel qui incarne le sens profond de l’harmonie. Inspirée des proportions idéales décrites par l’architecte romain Vitruve, cette figure, parfaitement symétrique et inscrite entre un cercle et un carré, représente l’équilibre entre le corps et l’esprit, entre la nature et la culture. L’Homme de Vitruvio incarne l’harmonie entre l’homme et l’univers qui l’entoure. L’Homme de Vitruvio est maître de son monde.
Depuis mon enfance, j’aimais voyager, mais pour moi, partir à l’étranger n’était pas une simple question de tourisme ; c’était plutôt une expérience totale, riche de connaissances, de partage et du désir, d’envie de raconter et de témoigner. Dans un sens romantique, on pourrait dire que les vrais reporters sont des êtres de distance, destinés à traverser les frontières.
Les journalistes peuvent être d’excellents techniciens de la parole, des experts en communication, mais la soif constante de connaissances ne les transforme pas nécessairement en Prométhée du quotidien postmoderne. Devenir un professionnel intègre exige modération et passion et il faut savoir naviguer dans la complexité. Malheureusement, les médias traditionnels sont aujourd’hui moins suivis, en partie parce qu’ils sont remplis de personnes médiocres, souvent politiquement contrôlées à distance. Il y a aussi un problème supplémentaire : être reporter, par exemple en zone de guerre, signifie être « intégré » et ne rapporter que ce que l’une des deux armées adverses souhaite rapporter. Le reporter est « imbedded », donc intégré à une unité, et est obligé à suivre ce que l’armée hôte lui permet de voir. Il peut rarement offrir une vision d’ensemble cohérente. Personnellement, j’ai trouvé beaucoup plus intéressant d’aller en Afghanistan en 2013 en uniforme militaire, celui de l’armée italienne, un stratagème qui m’a permis de mieux comprendre le contexte et, surtout, de comprendre le fonctionnement de l’OTAN. Malheureusement, la très longue et coûteuse opération militaire en Afghanistan (avec un coût total de 8 000 milliards de dollars) s’est pas bien terminée (30 aoûts 2021). Non seulement nous n’avons pas réussi à instaurer la démocratie, mais nous n’avons pas non plus réussi à interpréter la grande complexité des sociétés d’Asie centrale. Ce qui m’a le plus étonné, c’est la façon dont le nomadisme des nombreux groupes ethniques d’Afghanistan (Pachtounes 38 % de la population afghane, Tadjiks 25 %, Hazaras 19 % et Ouzbeks 6 %) a trouvé des équilibres relatifs, séculaires, que nous n’avons pas su comprendre. Leur conception de la patrie, le sentiment d’appartenir à une communauté, est meilleure que le nôtre, car elle est souvent détachée des définitions strictement géographiques. Pour de nombreuses populations nomades, la patrie est le clan ; la famille est donc un lieu social et spirituel, un espace religieux qui peut ne pas être lié à un contexte territorial spécifique. Si les Européens réalisaient que leur grande culture, créée par Galilée, Beethoven, Victor Hugo, Shakespeare, Molière, Cervantès, Garcia Lorca, Brecht, Tolstoï, Dostoïevski, Mozart, Chopin, Dante, Érasme de Rotterdam, Ibsen, etc., trouve sa synthèse dans les mystérieuses galeries de l’âme dont parlait le grand poète espagnol Antonio Machado, l’Europe serait probablement un fait établi, un continent d’harmonie totalement libéré de la guerre.
MES DÉBUTS DANS LA PRESSE ÉCRITE
En tant que professionnel de l’information, j’ai débuté à l’époque où le journalisme était dominé par la presse écrite, mais j’ai exploré toutes les disciplines journalistiques : la radio avec la RAI (le plus grand télé et radiodiffuseur italien), Radio Radicale (dans les années 80, Radio Radicale fut la première radio en Italie à présenter une revue de presse étrangère quotidienne des principaux journaux européens. Nous étions un petit groupe de journalistes proposant ce service avec une diffusion nationale quotidienne ; je couvrais la presse ibérique). Tout au long de la fin du XXe siècle, le quotidien était le temple du journalisme par excellence et le lieu de rencontre privilégié des meilleurs analystes et reporters de tous les pays. Rédiger une page du quotidien Le Monde à propos d’une journée de guerre, n’importe où dans le monde, représente un effort conceptuel bien plus important que de filmer, d’enregistrer et de diffuser un reportage télévisé sur le même sujet. Rejoindre un grand journal signifiait accéder à l’élite de l’information, et les meilleurs journaux étaient ceux qui savaient critiquer le pouvoir pour améliorer la démocratie, voire mettre fin aux guerres, comme l’a fait le meilleur journalisme américain avec la guerre du Vietnam (1975). Au début du XXIe siècle, les journaux se sont effondrés, en partie parce que nous étions passés de l’ère de l’information à celle des notifications, c’est-à-dire des post.
Lorsque j’ai quitté l’Italie en 1994, le quotidien La Repubblica tirait un million d’exemplaires le dimanche, et les publications pour lesquelles j’écrivais, le groupe Monti avec les deux grands quotidiens La Nazione de Florence et Il Resto del Carlino de Bologne, en distribuaient près d’un demi-million d’exemplaires dans toute l’Italie centrale. Tout cela n’existe plus en Italie, comme c’est le cas dans de nombreux autres pays, et pas seulement en Europe. Parvenir à vendre 200 000 exemplaires en kiosque aujourd’hui est un record rarissime.
Les dimensions et les paramètres du journalisme ont changé. Le journalisme numérique a non seulement vu l’émergence de nouvelles dimensions et techniques, mais a aussi changé le temps et remodelé la relation entre les journalistes et le public. Un fait devient une information instantanément ; en théorie, une machine médiatique devrait donc fonctionner 24h/24, 7j/7. De plus, sur Internet, nous écrivons pour plaire à Google, et non au lecteur, ce qui constitue un problème majeur. Ainsi, aux côtés des intemporels 5W – Quoi, Qui, Où, Quand, Pourquoi (en angalis What, Who, Where, When, Why) – apparaissent (selon une proposition du journalisme américain) les 5C : Contexte, Conversation, Attention (care), Communauté et Collaboration. Cinq nouvelles dynamiques dépendent de la nouvelle situation.
Contexte : Le web devrait être un outil formidable pour donner du sens au monde, pour le comprendre. Mais l’information est de plus en plus fragmentée, et le rythme des mises à jour en ligne nous conduit à consommer l’information sans contexte. Nous avons toutes les mises à jour, mais nous manquons d’une vision globale de chaque sujet.
Conversation : Le web devrait être une agora numérique, mais la plupart des commentaires sont des lieux d’injures, de spam et d’insultes, plus ou moins censurés par des plateformes privées individuelles (Facebook, Instagram, etc.), et ne créent qu’une illusion de réciprocité.
(Care) Attention au contenu : Le flux constant d’informations représente un défi pour les consommateurs d’actualités, mais aussi une opportunité pour les rédactions, qui peuvent renforcer leur rôle de sources d’information fiables grâce à la précision avec laquelle elles filtrent, vérifient et rassemblent les informations intéressantes. Aujourd’hui plus que jamais, les journalistes doivent vérifier et éviter de rapporter des absurdités. La loi de Brandolini (ou principe de bullshit asymmetry) est une invention légitime inventée en 2013 par le programmeur italien Alberto Brandolini, qui explique la difficulté d’effacer une fausse information du web une fois qu’elle a circulé et est devenue virale. Le travail du démystificateur est extrêmement ardu (l’énergie nécessaire pour réfuter une fausse information est d’un ordre de grandeur supérieur à celle nécessaire pour la produire).
Communauté : Pendant des décennies, de nombreux journaux ont profité de leur position de monopole à l’échelle locale, qui leur garantissait des revenus publicitaires lucratifs. Cela les a conduits à accorder peu d’attention à leur communauté. Nombre de rédactions doivent encore s’adapter à la nouvelle réalité numérique et comprendre comment interagir avec leurs lecteurs.
Collaboration : Dans la gestion de l’information, la collaboration entre journalistes, rédactions et citoyens est de plus en plus problématique. Le tableau général est celui d’une cohabitation entre journalistes et lecteurs dans les journaux en ligne et sur les réseaux sociaux, créant une sorte de tribu centaurique. La manière dont de nombreux rédacteurs attirent le public est souvent dissimulée. Les lecteurs écrivent un commentaire et lisent les commentaires des autres plus que l’article lui-même. Il arrive que le journaliste-blogueur ou l’influenceur se joigne à la mêlée et commente un autre commentaire. L’espace accordé aux commentateurs fournit des informations utiles à la rédaction comme à l’observateur extérieur : le nombre, le niveau culturel, l’orientation politique des lecteurs actifs, leurs préférences, etc. « Pour un même article, on peut comparer non seulement les articles, mais aussi les milliers de commentaires vulgaires d’un Daily Mail avec les centaines de commentaires élaborés d’un New York Times. La « diffusion » d’un journal en ligne, qui détermine les recettes publicitaires, est le nombre de clics. On peut évaluer un journal à la qualité de ses articles et commentaires, et au nombre de pièges à clics : la vidéo du chaton mignon ou la découverte extraordinaire du trou noir en cinq lignes, qui ne suffisent même pas à expliquer les phases de la lune, etc. Et si vous cliquez sur le chaton avec le trou noir, le lendemain, vous aurez le chien avec la comète sur votre écran. Les journaux en ligne offrent pratiquement le même service de copié-collé que les agences en ligne : même titre, même article sur une seule et même longue phrase, mais divisé en tableaux, comme dans un cabaret. » Voici comment notre chroniqueur Jean Santilli décrit la situation actuelle.
En bref, le journalisme souvent est avant tout du divertissement, où la véracité de l’information importe peu. Son objectif est de devenir viral, et si l’information est fausse, elle le devient doublement : les utilisateurs sont submergés par un déluge de publicités, obligés de cliquer dix fois pour obtenir une information complète très banale. C’est ce qu’on appelle l’ère de la post-vérité (c’est-à-dire la vérité qui arrive tard et risque d’être inutile). Une ère où journalistes et lecteurs sont tous passifs et interactifs, victimes d’un système unique qui ne révèle rien et n’informe pas suffisamment. Outre la réduction des coûts des technologies de l’information personnelle, la généralisation de l’accès à Internet a créé le PROSUMER un mélange de « consumer and producer », consommateur/producteur, c’est-à-dire l’internaute que le lobby du marketing devrait s’efforcer d’attirer et conquérir.
Les nouveaux architectes de la forme du capitalisme dominant, appelé « cloud capital », fabriquent les besoins pour les classes sociales. La plupart des gens sont utilisés comme des employés, coincés comme des ouvriers, mais en même temps, chaque clic, chaque téléchargement alimente la machine du « cloud capital » qui s’auto-régénère pour faire exploser la cagnotte.
Ainsi, au lieu de corriger la société dans son ensemble, le journalisme s’est totalement intégré. Dans ce système, la presse, qui ne garantit plus son rôle de tiers entre les institutions et les citoyens, est constamment piégée par les lobbies et les intérêts politiques et industriels. Les médias, ouvertement impliqués dans les scandales qui émaillent l’actualité, ne s’en sortent pas mieux non plus. En Italie tout au moins, la difficulté croissante de traduire les dirigeants politiques en justice pousse les citoyens à en tirer les conséquences et à organiser des procès expéditifs sur les réseaux sociaux.
Face à tout cela, le rôle du syndicalisme dans le secteur des médias est de plus en plus marginalisé et les acquis que des décennies de lutte avaient gagnés pour tous les professionnels de l’information sont érodés.
ClubMediaItalie/ClubMediaFrance, l’association syndicale que j’ai créée en 2004 ici à Lyon, branche européenne de la Fédération Nationale de la presse italienne (FNSI), qui en Italie regroupe des dizaines de milliers de journalistes italiens, s’est attelée ces dernières années à la tâche ingrate d’informer les consuls généraux italiens à Lyon, le ministère des Affaires étrangères à Rome et les membres de la classe politique, pas seulement italienne, de la transformation qu’Euronews a entreprit faute d’une vision vertueuse, pourtant cruciale pour l’Europe. En tant qu’Européen, Italien et journaliste du XXIe siècle, je ne me sens pas et ne suis pas étranger à Genève, Paris, Berlin ou Madrid. Par contre l’Europe d’aujourd’hui n’est que l’Europe de la finance, l’Europe des marchés, l’Europe de la politique, mais l’Europe du journalisme, l’Europe qui vient d’en bas n’a jamais émergé. Si l’Europe du journalisme existait – c’est-à-dire une dimension de dialogue collectif étroit et pour la formation d’une opinion publique continentale solide – les rédactions du Corriere della Sera, du Monde, du Times, de Die Welt, d’El Pais et du Guardian, ainsi que toutes les grandes chaînes de télévision nationales de tous les pays européens, s’exprimeraient déjà efficacement dans les différentes langues continentales, le journalisme serait pratiqué en de nombreuses langues et des sites d’information multimédias, jamais imaginés, verraient le jour. Si une Europe du journalisme existait – c’est-à-dire une dimension de dialogue collectif cohérent avec la formation d’une opinion publique continentale solide – les rédactions du Corriere della Sera, du Monde, du Times, de Die Welt, d’El Pais et du Guardian, ainsi que celles des principales chaînes nationales de télévision de chaque pays européen, seraient déjà en mesure de s’exprimer efficacement dans les différentes langues du continent. Le journalisme serait pratiqué dans une multitude de langues et des sites d’information multimédias seraient disponibles, ce qui reste à concevoir. Seules quelques pages en anglais apparaissent çà et là dans certains grands journaux en ligne de différents pays dans l’attente de voir un continent entier adopter une langue qui n’est pas la sienne.
Ces derniers mois, en prévision de cette conférence, j’ai écrit une lettre où je posais des questions au Monde, au Corriere della Sera, à La Repubblica, au Guardian, au Times, à la Frankfurter Allgemeine Zeitung, à la Süddeutsche Zeitung, à El Pais et à La Vanguardia, donc le plus importants titres de la presse continentale :
Voici les questions que j’ai posé :
- Comment se fait-il qu’un journal aussi important que le vôtre n’ait pas encore ouvert de pages web dans toutes les autres grandes langues européennes ?
- Comment est-il possible qu’il n’y ait pas de véritable ambition universaliste qui permettrait immédiatement à vos contenus journalistiques et informatifs de s’adresser pleinement à l’ensemble des plus de 400 millions d’européens ? Il suffirait même, pour être lu également et systématiquement dans tous les autres continents, d’inclure les quatre grandes langues continentales…
- Pensez-vous que l’avènement de l’intelligence artificielle peut vous aider à combler ce fossé ?
- Menez-vous déjà des expériences dans ce sens ou travaillez-vous sur des solutions alternatives (par exemple une coopération renforcée avec d’autres groupes d’édition européens, comme c’est le cas pour le journalisme d’investigation) ?
- Comment voyez-vous l’avenir de votre journal dans cinq ans : sera-t-il toujours un produit monolingue avec une prédominante dimension nationale ?
Le seul editor qui a répondu est Carsten Knop du quotidien Frankfurter Allgemeine Zeitung.
Dear Mr. Valenti,
I am happy to provide you with the answers to your respective questions in your letter:
- Economically not convincing, no interest by advertisers, zero SEO-position in the beginning, no good argument to sell digital subscriptions, need to have customer serrvice in all those languages, too.
- See the argument above, Europe is totally diverse, not too many people are interested in a view form Germany, unfortuneately, and those who are, are absolutely capable to translate our texts with AI tools or by themselves.
- In general yes, in principle no.
- No.
- I guess so, every browser will allow instant translations.
Voici la traduction en français :
- Économiquement peu convaincant, aucun intérêt de la part des annonceurs, positionnement SEO nul au départ, aucun argument solide pour vendre des abonnements numériques, nécessité d’un service client dans toutes ces langues également.
- Voir l’argument ci-dessus : l’Europe est très diversifiée, malheureusement, peu de personnes s’intéressent à une version allemande, et celles qui le sont, sont parfaitement capables de traduire nos textes avec des outils d’IA ou par elles-mêmes.
- En général, oui, en principe non.
- Non.
- Je suppose que oui, tous les navigateurs permettent des traductions instantanées.
Best regards
Carsten Knop / Herausgeber/ Editor
Tous les autres journaux n’ont pas réagi. La stratégie des grands journaux européens est donc de raconter l’histoire du monde, mais ils n’ont pas de réelle ambition universelle. En effet, la véritable internationalisation, ou mondialisation, a été portée par les GAFAM : Google, Apple, Facebook, Amazon, Microsoft. Mais il ne s’agit pas d’une mondialisation faite pour les intérêts de toute l’humanité.
LE DÉFI INTERNATIONAL DE L’INFORMATION ET LE DOMAINE COGNITIF
Le véritable défi permanent pour nous, les Européens, ne devrait pas être de nous laisser piéger par les tentacules du web, mais de créer un média qui deviendrait un holding continental faisant autorité, efficace et professionnel, réunissant le meilleur du journalisme européen. Le lancement du réseau de télévision européen multilingue Euronews à la fin du XXe siècle visait non seulement à contrer le pouvoir excessif de la chaîne américaine CNN, mais aussi à donner à l’Europe la place qui lui revient, en confiant à un nouveau média la mission de construire une opinion publique continentale qui jouerait un rôle de premier plan et façonnerait le journalisme de demain dans un contexte continental pleinement développé. Le projet Euronews, dans les années 1990, eut pour principal créateur et premier PDG Massimo Fichera, ancien directeur de la deuxième chaîne de télévision italienne, puis directeur général adjoint de la RAI. Il fut probablement le plus illustre stratège télévisuel italien du XXe siècle. Puis, les choses se sont passées un peu comme pour le moteur « common rail ». Vous savez, le moteur diesel à injection directe HDI a été inventé en Italie dans les années 1980, mais Fiat n’avait pas la force ni le réseau pour le distribuer, donc le brevet a été vendu aux Allemands, et ensuite les constructeurs du monde entier l’ont adopté, car il a presque réduit de moitié la consommation de carburant tout en améliorant simultanément les performances du véhicule.
Le concept d’Euronews était celui d’un « common rail » d’information, et il était simple : partager l’essentiel de la production télévisuelle officielle nationale et internationale de France, d’Italie et d’Espagne (TVE, RAI et France Télévisions) et de douze autres pays européens et méditerranéens, ainsi que les informations de l’Eurovision, afin de prendre une longueur d’avance dans un système de vases communicants visant à créer la première véritable information paneuropéenne. Supposons qu’un attentat contre le président Mitterrand ait eu lieu, la télévision française aurait été la mieux placée pour assurer la meilleure couverture, mais grâce à la formule Euronews, toute l’Europe aurait bénéficié de la même couverture en temps réel dans sa propre langue, et il en aurait été de même pour tout événement en Italie, en Espagne, et même dans n’importe quel autre pays européen grâce à la couverture de l’Eurovision.
Aujourd’hui, nous nous contentons d’un substitut très édulcoré et souvent factice, où toute information est diffusée via les réseaux sociaux, soigneusement orchestrée par les États-Unis et la Chine, mais avec une qualité technique extrêmement médiocre, le tout truffé de fausses informations. Un mécanisme déplorable à tous égards, mais qui a largement sapé les usines à informations officielles, car il exploite le travail bénévole de millions de personnes : des citoyens qui partagent désormais tout événement public ou privé dont ils sont témoins.
Il y a plusieurs années, au cœur de la nuit, une tragédie familiale s’était produite dans un appartement milanais : un père avait mis le feu à son appartement, anéantissant toute sa famille. Des voisins, qui avaient filmé l’incendie avec leurs téléphones portables, l’avaient mis en ligne, et à Rome, une jeune agence de presse produisant des informations grâce à un algorithme sophistiqué surveillant toutes les sources des réseaux sociaux 24h/24 et 7j/7, a réalisé qu’il y avait un sérieux problème. À 04h30 du matin, elle avait déjà rapporté l’incendie, ainsi que les éléments de base de l’histoire glanés en ligne, et avait rédigé trois lignes d’information qui avaient été automatiquement diffusées. Or, l’agence de presse ANSA, l’équivalent italien de l’AFP, avait révélé l’information après 06h00. Un retard de deux heures sur un sujet aussi grave dans le journalisme est impardonnable. Ce jour-là, il y a une dizaine d’années, même le mythe d’ANSA, où je travaillais également, s’est effondré. Malheureusement, la quasi-totalité du monde des médias traditionnels n’a pas compris que la colonisation de l’infosphère, et donc de l’imaginaire, était cruciale, et que le succès mondial des GAFAM – Google, Apple, Facebook, Amazon et Microsoft – allait tout transformer en dominant tout.
La technique de domination cognitive est un must de l’histoire et avec GAFAM on peut bien affirmer que les EEUU ont relancé de façon spectaculaire leur propension à la domination globale. L’Union Européenne qui avait pressenti cette nouvelle forme de rapport de force lors de la conférence de Lisbonne au début des années 2000 n’a pas réagi et n’a pas réussi à devenir leader mondiale dans l’infosphère. La Chine a été beaucoup plus futée, elle a d’abord sanctuarisé son espace et, maintenant avec Tik Tok, elle est en pole position sur la toile.
De plus, Tik Tok permet à Pékin d’étudier ces adolescents américains qui pourraient être de futurs ennemis dans la très probable guerre du Pacifique que certains analystes prédisent à l’aube des années 2030.
LE PROJET EURONEWS, UNE MISSION INTERCULTURELLE
Internet a tout envahi, devenant à différents niveaux le dénominateur commun de toute activité humaine, et pas seulement de l’information. Nous sommes confrontés à un système mono-média mondial, polyvalent et multiforme, qui a fait de nos téléphones portables l’interface exclusive nous reliant à l’univers, sans laquelle nous ne pouvons plus vivre. Cependant, le concept de journal télévisé reste capital. C’est pourquoi le projet Euronews était crucial, en tant que branche de l’Eurovision. Il convient de noter que l’Allemagne et le Royaume-Uni n’ont pas collaboré à la création d’Euronews ; les Britanniques l’ont probablement boycotté, tandis que les Allemands l’ont simplement toléré. On peut dire qu’Euronews a été une innovation majeure et prestigieuse de l’Europe latine. Les premiers journaux télévisés en anglais, français, italien, espagnol et allemand exigeaient une neutralité absolue, respectant les différents points de vue. Il ne s’agissait pas de traduire un texte et une vidéo en plusieurs langues, mais de les adapter aux besoins d’information de différents publics, en évitant les stéréotypes et les banalités. Grâce aux débuts d’Euronews, l’Italie a cessé d’être la patrie de pizza, spaghetti, mandolino, Ferrari, Martini dans l’actualité, tout comme la France n’était plus seulement le paradis du Champagne et du Camembert.
Euronews avait vocation à devenir un outil incontournable de médiation culturelle en Europe. C’est pourquoi nos premiers clients furent les grandes institutions européennes qui finançaient largement nos productions télévisuelles. La dynamique des reportages internationaux était également complexe : les missions exigeaient de longs délais de réalisation, car le correspondant devait presque toujours revenir pour monter les images, puis, une fois la version originale terminée, l’équipe multilingue devait préparer les quatre autres versions pour une diffusion simultanée dans les différentes langues. Chaque équipe comptait un journaliste par langue ; c’était un véritable atout. Au fil du temps, Euronews a diffusé en 13 langues différentes.
Je me souviens que pour interviewer un secrétaire d’État du Vatican, j’ai travaillé pratiquement 32 heures d’affilée, vol Lyon/Rome/Lyon compris, en ne prenant de pauses que pour manger et me laver.
Cependant, la structure d’Euronews a toujours connu des problèmes de complexité, parfois difficiles à résoudre. Aujourd’hui, grâce aux progrès des technologies de l’information, de nombreuses choses ont été simplifiées et pourraient être adoptées par de nombreux autres médias de haut niveau souhaitant opérer en plusieurs langues.
Les deux produits les mieux adaptés à la dynamique de production complexe d’Euronews et ayant eu l’impact le plus immédiat étaient les formats « No Comment » et « Zoom ». « No Comment » capturait les images les plus marquantes de la journée ou de la semaine précédente et les transformait en flashs d’une minute – par exemple, un naufrage de migrants avec de nombreux morts, le déclenchement d’une guerre, un tsunami, etc. – anticipant ainsi efficacement les flashs qui abondent aujourd’hui sur les réseaux sociaux. « Zoom », quant à lui, condensait en un seul package de plusieurs minutes les perspectives de nombreuses chaînes européennes de télévision, dont les reportages étaient déjà diffusés dans leurs pays respectifs et consacrés au même sujet. Ces deux formats, avec l’évolution du concept d’Euronews, auraient dû caractériser l’ensemble de la programmation télévisuelle et non pas se réduire à de simples cartes postales. Il convient également de souligner que la cession de la direction du diffuseur, à la fin des années 1990, au troisième opérateur de télévision britannique, ITN, puis, plus récemment, à l’américain NBC, étaient des décisions justifiées uniquement par des raisons d’opportunité financière, et elles ne nous ont pas empêchés d’être au bord de la faillite. De mon point de vue, c’était un peu comme confier une Ferrari de Formule 1 à un pilote de karting dépourvu de la réflexion stratégique nécessaire à la gestion d’un grand média européen innovant (qui reste à inventer). ITN, par exemple, n’a fait aucun effort notable pour mettre immédiatement et massivement les news en ligne. Lorsque cet effort a été fait avec NBC, il était déjà trop tard.
En l’absence de redevance radio et télévision européenne, Euronews a dû inventer d’autres sources de revenus, rendant encore plus difficile la réalisation de choix éditoriaux réussis et attractifs pour tous les publics, quelle que soit leur nationalité. Elle a ainsi dû se contenter de sponsors privés et institutionnels, proposant des programmes qui, tout en abordant des sujets pertinents, étaient souvent ennuyeux ou manquant de la fraîcheur propre à un journalisme convaincant.
Euronews n’a cependant jamais manqué d’être présente aux grands événements : élections dans divers pays, et pas seulement en Europe, et opérations spéciales qui mobilisaient toutes les ressources de l’entreprise et contribuaient à un reportage essentiel, évolutif et rapide. Ce furent des moments stressants, mais aussi très créatifs. La fin de cette histoire est survenue entre 2023 et 2024, avec le licenciement de centaines de professionnels et la relocalisation des survivants à Bruxelles. Lyon a perdu la rédaction la plus importante et la plus avant-gardiste de tous les temps.
LE JOURNALISTE ET LES NEWS
L’une des plus grandes difficultés de la profession réside dans la séparation entre le journaliste et l’information.
« La Maison Blanche est du bon côté dans toutes les crises internationales » : c’est ce qu’affirment de nombreux médias européens résolument pro-atlantiques. Écoutons cet extrait d’une interview accordée à Euronews en 2018 au banquier italien Ettore Gotti Tedeschi, ancien directeur de l’IOR, la Banque du Vatican. Gotti Tedeschi a ensuite été démis de ses fonctions au Vatican. L’interview visait à clarifier la situation financière du Vatican et ses zones d’ombre.
Gotti Tedeschi n’est ni un révolutionnaire, ni un kamikaze, mais un fervent catholique et un conservateur qui dénonce clairement la dépendance désormais anachronique de la politique européenne à l’égard des États-Unis.
En observant le monde journalistique italien ces dernières années, notamment avec l’invasion de l’Ukraine et les crimes commis à Gaza par Israël, il est facile de constater combien d’illustres collègues, au lieu de décrire la réalité, ont négligé, minimisé ou exagéré les événements en cours. Outre le massacre d’enfants et d’innombrables collègues dans la bande de Gaza, parmi les cas sensationnels figure celui de Marc Innaro, collègue de la RAI, qui a été largement éclipsé par son rôle de correspondant à Moscou, car il n’a pas adhéré au récit atlantiste, mais a cherché à analyser les véritables causes de la grave invasion russe de l’Ukraine, fournissant reportages d’une cohérence absolue.
Pourtant, les journalistes sont souvent contraints à des actions conformistes qui portent atteinte à la vérité. Lorsque le commandant de Wagner, Evgueni Prigojine, a tenté une sédition le 23 juin 2023 à Rostov-sur-le-Don, en pleine guerre russo-ukrainienne, l’ordre donné à Euronews, suggéré par la direction, était de déclarer qu’une guerre civile avait éclaté en Russie, ce qui était totalement faux. Une guerre civile exige la participation d’une partie importante et déterminée de la population, se rebellant de fait contre l’ordre établi, plus ou moins soutenue par les forces armées. Cette action n’était rien d’autre qu’une protestation retentissante du commandant de Wagner, qui s’était retourné contre le ministère russe de la Défense et le président Poutine. Alors que j’étais à la rédaction, le titre de l’article italien que j’ai dicté était plus ou moins « Tentative de sédition de Prigojine » (et donc un titre qui dit la vérité). Cependant, si vous tapez la version italienne (comme dans d’autres langues) d’Euronews du 23 juin 2023 sur le web avec le mot-clé « Prigojine », mon titre disparaît ; vous trouverez un titre qui parle de la guerre civile en Russie. Techniquement, ces titres sont incorrects, et ils ont été également utilisé par de nombreux autres médias, pas seulement en Europe. De cette façon, le journalisme perd son consensus et risque d’être confondu avec de la propagande, mais c’est aussi le résultat de l’involution que j’ai décrite plus haut. Malheureusement, de nombreux collègues pensent aujourd’hui qu’il suffit de suivre les caprices du web, de la mode ou des politiciens du moment pour produire un journalisme cohérent et lorsqu’ils veulent se fondre dans la masse, ils appliquent l’Agenda setting, c’est à dire ce concept de sociologie politique qui décrit la fonction des médias de masse exerçant un effet important sur la formation de l’opinion publique, tout en imposant le calendrier de certains événements ainsi que la hiérarchie de sujets. Donc le massacre à Gaza peut être mis en dernière page ou la guerre en Ukraine être parfaitement oubliée.
LA BASCULE NUMÉRIQUE
La création d’Internet a modifié les finalités offensives des actions dans un contexte de guerre soi-disant économique comme celle que nous vivons avec le droit de douane imposé par Monsieur le président des USA, Trump. Il ne s’agit plus de prendre des informations à autrui mais aussi de donner de la connaissance à une masse d’interlocuteurs afin de capter les données. Pour que cette stratégie soit rentable économiquement il faut atteindre une masse critique, comme celle de GAFAM, pour la conquête du marché numérique et la suprématie informationnelle afin d’être le plus grand influenceur de consommateurs. Donc connaître bien les consommateurs signifie pouvoir les conquérir dans une logique de marketing.
Ainsi, le web est devenu un outil privilégié de colonisation culturelle des masses, et son apparition à la fin de la Guerre froide n’est pas un hasard. Pourtant, la loi de la jungle y règne en maître, avec des algorithmes entraînés à collecter des informations partout où elles sont disponibles, quelles que soient leur source, leur qualité, leur fiabilité ou leur intégrité, souvent au mépris de la vie privée et de la loi.
L’ « affaire Cambridge Analytica » de 2018, au cœur de laquelle Facebook s’est retrouvée, a fait sensation. Le Guardian et le New York Times ont révélé l’utilisation abusive d’une énorme quantité de données collectées sur Facebook concernant des citoyens par une société de marketing et de conseil en ligne appelée Cambridge Analytica, qui entretenait des liens étroits avec certains des plus proches collaborateurs de Donald Trump, notamment pendant la campagne électorale américaine de 2016, qui l’a finalement vu remporter la victoire. L’affaire a de nombreuses ramifications et plusieurs aspects, notamment le rôle réel de Cambridge Analytica et ses possibles contacts avec la Russie, ses tentatives d’influencer l’élection présidentielle américaine et le référendum sur le Brexit au Royaume-Uni, qui ont tous disqualifié Facebook pour avoir fourni ces données.
À l’aube des années 2000, l’avènement de l’intelligence artificielle a encore transformé la structure de l’infosphère et, de fait, de tous les médias, et avec lui, les rôles opérationnels préexistants. On demande désormais aux journalistes de tout faire. Les logiciels les plus avancés permettent aux rédacteurs d’Euronews de collecter l’information auprès des agences, de la monter, de la faire traiter par le système, d’ajouter un titre, de rédiger un script à publier immédiatement en ligne, puis d’y joindre la vidéo optimisée par l’IA, qui fournit ensuite des sous-titres dans n’importe quelle langue. Cela implique une gestion complète du flux de travail, tandis que la tâche du rédacteur assisté par l’algorithme finit par assumer le rôle de quatre ou cinq professionnels classiques de l’information : rédacteurs, traducteurs, agence de presse, ingénieurs du son, etc. Il est évident que la qualité de l’information se dégrade également en raison de la capacité limitée de chaque journaliste à gérer et à vérifier chaque information. Malheureusement, cette dynamique se généralise dans les médias, avec un potentiel d’influences qui n’est pas nouveau.
Il y a eu des exemples flagrants de désinformation par le passé. Pour moi, l’un des plus flagrants a été la crise cubaine, qui, au final, ne nous a rien appris.
En 1962, la crise des missiles entre le président des EEUU John F. Kennedy et le soviétique Nikita Khrouchtchev se déclenche quand, après le déploiement massif des puissants Jupiters américains, parfaitement conçus par Wernher von Braun, le génie nazi des V2, les premiers missiles balistiques de l’histoire, et que les USA avaient implanté en Anatolie et dans les Pouilles (prêts à rayer les grandes villes soviétiques de la surface de la planète), Khrouchtchev décida justement d’ordonner l’installation de quelques-unes de ses bombes atomiques sur l’île des Caraïbes en réponse à la menace américaine déjà en œuvre. La réaction de l’Union Soviétique était strictement conforme à la menace qui pesait déjà sur la Russie et en était la conséquence.
Pour cela je vous renvoie à mon reportage https://clubmediaitalie.org/il-faisait-nuit-a-la-havane/ vous le trouvez dans le site de ClubMediaItalie.
LA TYRANNIE DU SEO – LA BATAILLE DE L’INFORMATION – PLURALITÉ ET DÉSINFORMATION
L’un des défis les plus redoutables auxquels est confrontée l’industrie de l’information à l’ère numérique est le développement de l’audience, c’est-à-dire l’élaboration de stratégies d’engagement pour un public diversifié, avec un nombre toujours croissant de canaux sur lesquels concentrer son attention, et d’où puiser l’information. C’était précisément la mission d’Euronews. Bien sûr, il n’existe pas de théorie unifiée du journalisme, mais le secteur a absorbé le journalisme au rythme de l’efficacité algorithmique. Dans ce cadre, l’interaction numérique devient à la fois la fin et le moyen par lequel la durée d’attention des audiences connectées est non seulement stimulée, mais aussi mesurée et monétisée. Le journalisme et les entreprises s’intègrent donc dans une nouvelle architecture sociale aux implications inédites.
Le légendaire SEO (Search Engine Optimization) signifie en français : « Optimisation pour les moteurs de recherche ». Ce terme définit l’ensemble des techniques mises en œuvre pour améliorer la position d’un site web sur les pages de résultats des moteurs de recherche (SERP). On l’appelle aussi référencement naturel. L’objectif d’un expert en référencement naturel est d’améliorer la visibilité des sites web qu’il prend en charge en leur faisant gagner des places sur les moteurs de recherche (Google, mais aussi Yahoo ! Bing, etc.). Le but est de faire se rencontrer les internautes intéressés par des produits / services ou du contenu informatif.
Le SEO ne repose pas sur une source désintéressée. Les algorithmes qui font fonctionner les moteurs de recherche (ainsi que ceux qui régissent les réseaux sociaux) sont créés par leurs propriétaires, des individus riches et puissants ayant des objectifs spécifiques, presque toujours liés au marketing. C’est pourquoi certains chercheurs parlent d’un passage d’une « culture de la lecture des journaux à une culture de la notification, le post ».
L’attention du public a tendance à se fragmenter dans le flux intermittent des mises à jour. Dans ce scénario, le besoin commercial d’accroître la quantité et la fréquence des contenus interactifs trouve sa satisfaction dans une architecture technologique qui privilégie la réaction immédiate et la diffusion rapide au raisonnement. C’est la dynamique de Facebook, Tic Tok, Instagram, X, etc. Les sondages, réels ou déguisés, deviennent cruciaux, révélant des tendances en mélangeant les données, mais nous sommes toujours dans l’incertitude. C’est pourquoi le rôle des gouvernements pour freiner l’acquisition potentielle de positions de pouvoir par de nouveaux acteurs de l’information est si important.
Conclusion
Le monde a besoin de vrais journalistes, et non de « robots journalistes » qui existent déjà, à la fois comme algorithmes générant des articles à partir de données structurées – notamment dans des domaines comme la finance, le sport, la météo, la criminalité et les tremblements de terre – et comme avatars d’IA présentant l’actualité. Ceux qui manipulent la réalité plus ou moins apprivoisée des algorithmes à des fins politiques ou de propagande font également du tort.
L’avenir, selon les espoirs largement partagés parmi les professionnels du secteur, devrait être un modèle de journalisme augmenté, où l’IA compléterait le rôle humain sans le remplacer et avec une vocation pour la vérité véritable.
Paolo Alberto Valenti